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L'ancien blog du CDI de l'ESAAT

1 mai 2013

Le blog du CDI déménage...

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21 mars 2013

Quelques documentaires

a1Nous quittons la fiction pour vous présenter quelques nouveautés dans le domaine des documentaires. Tout d'abord, signalons que nous nous sommes procuré plusieurs catalogues d'exposition. Le Louvre Lens nous propose sa première exposition temporaire sur la Renaissance, à travers la peinture mais aussi la sculpture, la gravure et l'artisanat en tout genre. De son côté, le Musée da2u Quai Branly a présenté, fin 2011 et au cours du premier semestre 2012, une très belle exposition intitulée « Exhibitions : l'invention du sauvage ».Elle nous montre comment l'Occident s'était formé une représentation de l'autre, du colonisé, du « sauvage », à travers des expositions de ces êtres venus d'ailleurs, dans les cirques, foires, zoos, ou expositions universelles. Elle explique l'émergence des théories racistes, vantant la supériorité de la race blanche. Dans un domaine proche du point de vue du voyeurisme, je vous invite à découvrir le livre de Martin Monestier « les monstres : histoire encyclopédique des phénomènes humains des origines à nos jours, chefs d’œuvre de la nature … ou oubliés de Dieu », publié Cherche midi. Nous sommes en présence d'une encyclopédie, comme son titre l'indique, qui fait le tour de la question en présentant par un petit texte et une photographie les différents « phénomènes de foire » Enfin, les éditions Gallimard rendent compte de l'exposition du Lam, consacrée à « la ville magique », dansa3 le cadre de Lille 3000. Après Babel, cette exposition s'intéresse à plusieurs visions de la ville du XXème siècle : Manhattan, la verticale , Berlin et son développement anarchique, Paris et Brassaï, le Surréalisme, le film noir américain... Pour aider nos élèves de terminale dans leur travail sur la ville, nous avons acheté « Mangapa4olis : la ville japonaise contemporaine dans le Manga », publié aux éditions le Lézard noir. Plusieurs contributions abordent les thèmes suivants : « anatomie de la rue japonaise, la ville comme personnage, la topographie fantasmée de Tokyo, chaos urbain scènes de destruction, le manga dans la ville, vertiginosités nippones, Densha mon amour, l'architecture japonaise entre le dedans et le dehors. Passons maintenant à deux livres outils qui doivent vous aider dans vos lectures de tableau. « Le livre des symboles : réflexions sur des images archétypales », publié chez Taschen, se distingue du dictionnaire des symboles par une nomenclature plus limitée, mais aussi par une iconographie importante qui sert de base aux articles. De son côté, Jean Danielou s'intéresse dans son livre « les symboles chrétiens primitifs », paru au Seuil, à quelques symboles bien précis : la charrue, la couronne, la vigne, le char, l'étoile, le poisson, la palme, la croix. Il explique l'origine le contexte culturel, le sens spirituel de ces images et de ces signes. Les éditions Beaux-arts nous proposent une « anthologie curieuse & passionnée du dessin : leçon des maîtres, du drapé au portrai t », écrite par Edwart Vignot. Ce critique d'art essaie de nous faire partager à travers diverses entrées sa pasa5sion du dessin : les autoportraits, les natures mortes, les drapés...Mathieu Lommen, conservateur des Collections particulières de l'Université d'Amsterdam dans le département graphisme a écrit aux éditions Pyramyd. « le livre des livres : graphisme des livres au fil du temps ». Il nous plonge dans l'histoire des transformations graphiques du livre, depuis Gutenberg. Un livre très érudit qui nous rappelle les grands noms de la composition, de l'impression, de la typographie et du graphisme. Emily Hogarth nous propose de son côté un guide très pratique intitulé « le grand livre des pa6apiers découpés : techniques & modèles », chez Marabout. Etape par étape, il nous apprend comment réaliser nos propres papiers découpés. Dans le domaine du design, commençons avec deux monographies consacrées à deux stylistes britanniques de renom. Judith Watt nous entraîne dans le monde du styliste londonnien Alexander McQueen. Le livre est publié aux éditions Eyrolles. Terry Jones est parti à la rencontre de Vivienne Westwood dans un livre publié aux éditions Taschen. Nous pouvons y lire un entretien en anglais de l'artiste. Dans la même édition, mais en architecture cette fois-ci, vous pourrez consulter le pavé que consacre Philip Jodidio à Tadeo Ando, Le livre « Ando complete works 1975-2010 » revient sur la carrière de l'architeca7te japonais. Inconvénient son poids, avantage la qualité des photographies, Michel Provost & Philippe de Kemmeter se posent des questions sur la résistance des structures et des constructions dans un ouvrage intitulé « comment tout ça tient ? :voyage au pays des structures ». Le livre paraît aux éditions Alice. A partir d'exemples simples d'un point de vue résistance comme le pneu du vélo, les trois pieds des tabourets ou la canne de Charlot, ils transfèrent leurs observations et analyses à des constructions plus complexes. Le texte se compose d'un dialogue entre un candide et son mentor, accompagné d'illustrations humoristiques. Terminons avec le texte d'Anne Bony « le dessein du geste : savoir-faire et design français », paru chez Skira Flammarion. L'auteur présente quelques grandes maisons françaises exerçant des métiers d'art comme Alki, Baccarat, Christofle, Delisle, Hermès, La Cornue, le Mobilier national, Pleyel etc.Pour chaque entreprise, elle s'intéresse à deux de leurs créations. Elle montre comment la transformation d'une intention en un objet est le fruit de la rencontre entre un designer et un artisan, entre un projet et un savoir-faire : le dessein du geste. Bon voyage

Pascal Broutin

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20 mars 2013

Fiction suite

a1Nous poursuivons l’examen de la commande de bandes dessinées avec quatre nouveaux titres . Emmanuel Lepage écrit chez Futuroôlis « un printemps à Tchernobyl ». 22 ans, après la catastrophe nucléaire la plus grave du siècle dernier, Emmanuel Lepage se rend sur place pour y vivre une sorte de résidence d’artiste bien particua3lière . Ce documentaire dessiné rend avec force l’état de délabrement de l‘environnement. On y voit l’artiste, le masque sur le nez dessiner de manière parfois stressée l’indescriptible. Malgré la catastrophe, le livre montre que la vie a pris le dessus. Les animaux sauvages sont restés, la flore renaît, des humains n’ont pas cessé d’habiter l’inhabitable. Je vous invite à feuilleter ce témoignage très vivant. Olivier Schwartz, dessinateur et Yann, scénariste raconte chez Dupuis dans "gringos locos", les aventures de trois auteurs de bande dessinée belges, hautement célèbres, aux Etats-Unis et au Mexique, en 1948  : André Franquin , père de Gaston Lagaffe., Maurice de Bevere, dit Morris, créateur de lucky Luke et Joseph Gillain qui a repris à Rob Vel le personnage de Spirou. Le livre est basé sur une histoire vraie et un peu fondatrice du journal Spirou. Mais, selon le supplément documentaire, les descendants reprochent aux auteurs d’avoir modifié la réalité et en particulier les personnages. Enfin, deux Bandes dessinées remarquables par l’originalité de leur graphisme. Brecht Evens publie « les amateurs » chez Actes Sud. Jean-Claude Loiseau dans le Télérama 3231 évoque l’œuvre dans ces termes : « on y rencontre un artiste en panne d'inspiration qui accepte l'invitation d'une biennale d'art au cœur de la province flamande. Sur place, il découvre une kermesse de campagne organisée par des ama­teurs aussi sympathiques que largués. Pour sortir du malentendu, l'« artiste » propose une création collective - un nain de jardin en papier mâché de 10 mètres de haut ! - qui enthousiasme avant de provoquer ratés en chaîne, jusqu'à la débâcle ­finale, entérinée sans drame[….] L'originalité sa4éduisante du récit tient à une alternance sophistiquée de brèves saynètes dialoguées, ­laconiques tête-à-tête, bavardages terre à terre, teintées d'ironie, et de plans larges, superbes instantanés atmosphériques à l'aquarelle, foisonnants de signes, de superpositions et de transparences, créant une sensation de flottement, de réalité en apesanteur. Ce qui captive l'œil - une séduisante élégance déstructurée - dynamise un parcoura1s brillant et souvent ludique. C'est l'audace renouvelée d'un styliste hors pair. » Blexbolex produit aux éditions Cornélius « hors-zone ». L’histoire n’est pas banale : le héros est une sorte d'agent enquêteur. On le découvre dans un bureau en feu. Il a raté une mission, dont on ignore tout, et s'apprête à se suicider par balle. Il décide brusquement de sauter par la fenêtre. (...)  A cet instant, le héros va vivre la plus incroyable aventure qu'on puisse imaginer, peuplée de robots, tortionnaires monstrueux, chats-bottés sanguinaires, dans des lieux improbables, où jungle et serpent géant, côtoient océans, villes imaginaires et sous-marins, requins traversant les murs, reine à quatre bras... L’auteur utilise une technique toute particulière : la sérigraphie tricolores (bleu, rouge, vert), avec des textes en bas de la page comme dans les anciens albums illustrés. 3 petits crochets du côté du roman. Avec deux séances de rattrapage qu’on ne présente plus «Thérèse Raquin » de Zola et « la perle » de John Steinbeck, livre ô combien pessimiste, qui montre que même lorsque les pauvres découvrent des trésors, les riches s’en emparent à tout prix. Jean-Christophe Rufin raconte dans « Rouge Brésil », publié en poche chez Folio, la conquête du Bésil par les français à la Renaissance à travers les yeux de deux enfants Just et Colombe qui servent d’interprètes auprès des nations indiennes.  Nous sommes plongés dans des aventures picaresques dans un cadre luxuriant, constitué par la jungle de la baie de Rio, des indiens cannibales...

Pascal Broutin

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13 mars 2013

La ville américaine est-elle durable ?

a2Cynthia Ghorra Gobin, géographe, directrice au CNRS, est spécialiste de la ville nord-américaine. Dans l’émission « planète terre », diffusée sur France Culture le 06.03.2013, elle nous décrit le modèle américain de mégapolisation  et nous en montre ses limites. En voilà un bref résumé. Vous pouvez toujours réécouter cette émission à l’adresse suivante : http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-la-ville-americaine-est-elle-durable-2013-03-06.

Le modèle :

Il consiste en un étalement des villes qui permet à chaque américain de devenir propriétaire de sa maison individuelle entourée d’un jardin. L’automobile et les infrastructures soutiennent ce modèle. Dolorès Hayden, professeur d’histoire à Yale, décrit un certain nombre d’étapes qui ont conduit à cette suburbanisation. Tout d’abord, la suburbanisation remonte au XIXème siècle. Dans un premier temps, les banlieues romantiques s’adressent exclusivement aux très riches. L’arrivée du train et du tram va permettre une certaine démocratisation de cet étalement. Au XXème siècle, l’Etat va subventionner ce processus en finançant les routes, le système autoroutier et en garantissant les prêts à l’accession à la propra1iété. Cet idéal fait partie du rêve américain : avoir sa maison et être proche de la nature. Les USA sont très influencés par les transcendantalistes  comme Emerson (1836, publication de son essai Nature). Avant, les « européens américains » considéraient la nature comme sauvage. Comme en Europe, on séparait la nature de la civilisation. En 1990, plus de 50% de la population américaine habite en banlieue. Ce continent peuplé par 308 millions d’habitants comprend entre les métropoles de l’est, du Midwest, du sud et du sud ouest des vides. La population se répartit de la manière suivante : 25% dans la ville centre, 58% en banlieue, 16% dans le périurbain.

Les limites :

Les américains ont pris conscience à la fois de la planétarisation et de la mondialisation.La planétarisation leur rappelle la finitude de l’environnement et des conséquences de leur modèle sur la survie de l’espèce humaine. De son côté, la mondialisation, l’universalité du capitalisme, l’émergence d’une classe moyenne dans les pays émergents donnent envie à ces personnes de vivre comme eux

Les catastrophes naturelles comme les ouragans Katrina et Sandy ont montré la fragilité de ce modèle

La crise des subprimes en 2007 a remis en cause ce modèle. De nombreux futurs propriétaires non solvables ont perdu leur maison à cause des taux d’intérêt variables qui n’ont cessé d’augmenter. Le montant des intérêts devenait supérieur à la valeur de la maison. Ne pouvant plus payer les prêts, les banques ont multiplié les saisies immobilières

Les alternatives :

Plusieurs courants ont vu le jour ces dernières années ; le New urbanism prône une certaine densification du tissu urbain et des lotissements. Dans leurs projets, la maison individuelle disparaît au profit de la maison de rue et des petits immeubles. On valorise les espaces publics. Ils encouragent une certaine mixité fonctionnelle. Les gated communities (lotissements fermés) empruntent ce modèle. De son côté, le Workable Urbanism encourage la densificatia1on et en plus le retour du piéton.

Pour terminer sur la ville américaine, je vous invite à lire l’excellente bande dessinée signée Will Eisner « Dropsie Avenue : biographie d’une rue du Bronx », parue chez Delcourt. Comme le sous-titre l’indique, nous suivons la vie d’une rue du Bronx entre 1870 et aujourd’hui et sa lente dégradation. Au début, les premiers habitants d’origine hollandaise résident dans cette fameuse maison individuelle, modèle idéal, petite ferme entourée par un lopin de terre. Puis, de nouveaux immigrés vont arriver : les anglais, les irlandais, les suédois, les allemands, les italiens, les juifs, les noirs, et j’en ai peut être oublié. Les maisons individuelles vont se multiplier, les lopins vont disparaître, les immeubles vont émerger. La voiture, puis le métro vont modifier profondément la vie de quartier. Nous assistons aussi à l’histoire des Etats-Unis : les flux d’immigration, la guerre 14, la prohibition, la crise de 29, la seconde guerre mondiale. Nous voyons l’émergence des problèmes urbains, liés à la promiscuité : la naissance des gangs, la corruption, les problèmes sociaux, les problèmes de logement…

 Pascal Broutin

13 mars 2013

Plein de bulles au CDI

Pas facia1le de rendre compte de la richesse de notre dernière commande de bandes dessinées, principalement à  a2cause de son ampleur. Comme chaque année, nous rendons hommage, à notre manière, au dernier salon d’Angoulême avec l’achat de quelques nouveaux titres pour notre bibliothèque. Nous remercions le Bureau des Etudiants pour sa générosité. Les étudiants ont reçu les demandes émanant à la fois de leurs pairs, mais aussi de Cédric Vilain et de moi-même. Je vous propose de commencer cette revue par les titres que j’ai eu le temps de lire. Ouvrons tout d’abord une page western avec la suite des aventures de Lincoln d’Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray tome 6 et 7 « french lover » et « le fou sur la montagne », publiés chez paquet. Notre héros est toujours écartelé entre Dieu et Démon. Dans le volume 6, il s’affronte amoureusement à Paloma, jeune mexicaine révolutionnaire, qui essaie de se ranger et de mener une vie tranquille. Dans le 7, il est confronté à l’arrivée de la Prohibition aux Etats-Unis en 1919. Vieil alcoolique, retiré dans une petite cabane, il tente de s’organiser pour continuer à assouvir sa soif.  Dans « rancho bravo », publié chez Fluide Glacial, Blutch et Capron nous propose une approche humorisa3tique du Wild West, à travers une série de petites histoires. Enfin, Mathieu Bonhomme et Lewis Trondheim nous offrent leur opus westernien avec « Texas Cowboys : the best wild west stories published », chez Dupuis., publiéa4 sous la forme de petits fascicules, format Pulp. Le héros Harvey Drinkwater, journaliste de Boston, est envoyé au Texas pour faire un reportage sur le Hell's Half Acre, la région la plus dangereuse du pays. Guidé par Ivy, un homme du coin, il décide d'en profiter pour se venger de l'ex-mari de sa mère, pour s'enrichir et pour trouver l'amour... Nous rencontrons les figures archétypales du genre.

Nous continuons à nous intéresser à Manu Larcenet, avec l’arrivée tant attendue du troisième tome de Blast « la tête la première « Nous en profitons pour commencer une nouvelle série : « le retour à la terre » avec les deux premiers tomes « la vraievie » et « les projets », édités par Poisson Pilote. Saga écologique qui met en scène Manu et Mariette. Ils quittent Juvisy et la banlieue parisienne pour s'installer à la campagne, aux Ravenelles. Ils essaient de s'habituer aux coutumes locales et surtout se désintoxiquer de la ville.. Nous continuoa5ns à nous intéresser aussi à la carrière de Bastien Vives avec deux nouveaux titres. En solo, il publie chez KSTR « le goût du chlore « . Dans ce livre, nous assistons à la rencontre amoureuse, relativement silencieuse, entre une jeune fille et un jeune homme dans une piscine. En trio, cette fois-ci, avec Rupper et Mulot, il nous propose un livre d’aventures très agitées, chez Aire Libre « la grande odalisque ». Dans cet album, nous suivons les frasques d’un trio de cambrioleuses, spécialisées dana6s le vol de peintures dans les grands  musées. Enfin, nous poursuivons notre exploration du monde de Joann Sfar avec la série « le bestiaire amoureux », publié chez Delcourt. Quatre titres au programme : « Fernand le vampire », « mademoiselle soupir », « la sorcière sans espoir », « l’âge où on est mort ». Fernand est un vampire traditionaliste mais, sentimental, il ne tue jamais personne. Pour oublier Liou la mandragore volage, il sort dans des rave-parties avec Aspirine, une vampire qui cultive un tout autre état d'esprit concernant ses victimes.

Nous vous proposons de découvrir un illustrateur tout à fait passionnant, Kerascoët. En fait, nous avons affaire à deux illustrateurs Marie Pommepuy et Sébastien Cosset. Le nom de ce couple d'auteurs vient du village de Kerascoët en Bretagne où a grandi Marie Pommepuy. Aveca9 le scénariste Hubert, ils signent « miss pas touche », chez Poisson Pilote. Nous avons acheté les deux premiers tomes : « « la vierge du bordel » et « du sang sur les mains ». Cette bande dessinée policière se déroule dans une maison close au début du 20ème siècle. L’héroïne s’y fait engager pour trouver les assassins de sa sœur. Avec le scénariste Vehlmann, ils ont écrit « jolies ténèbres »chez Dupuis. Une fillette gît dans un champ, inerte. Une minuscule communauté surgit de-ci, de-là, échappée d'un cruel conte de féesa10. De son côté, Jimmy Beaulieu nous propose chez Delcourt une « comédie sentimentale pornographique ». Nous nous retrouvons plongés dans la vie amoureuse d’un homme et d’une femme québécitudes qui s’adonnent à des jeux érotiques dans un hôtel plus ou moins abandonné. Jean C Denis nous entraîne dans une enquête policière avec le premier volume de la série « zone blanche », publié chez Futuropolis. Pour l’instant, il s’agit de l’échange de deux meurtres entre deux individus. Grande qualité graphique, nous attendons la suite avec impatience. Dav Guedin et Craoman publient chez  Delcourt « colo Bray-Dunes 1999 ». Le héros est un éducateura11 spécialisé qui encadre des adultes souffrant d’handicaps assez lourds, à l’occasion d’un séjour sur les plages du Nord.

Dans le domaine classique, nous avons fait l’acquisition  de 3 incontournables : les deux premiers tomes de la « rubrique-à-brac » de Gotlib, publiés chez Dargaud et l’intégrale des « idées noires » de Franquin. Enfin, dans le domaine des comics « Batman, année un »de Frank Miller et David Mazzucchelli, publié chez Urban Comics. Enfant, Bruce Wayne a vu ses parents se faire assassiner sous ses yeux. Après un entraînement intensif, il revient à Gotham City pour lutter contre le crime, mais sa tâche n'est pas facile face à la corruption qui règne dans la police de la ville. Cet album explore l'origine de Batman et des principaux personnages

Pascal Broutin

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21 février 2013

Dossier langage revue Sciences Humaines

Leblog3 dossier du dernier numéro de la revue Sciences Humaines, numéro 246, est consacré au langage. Donc, étudiant de BTS n'hésite pas à t'y plonger ! Comme toujours, la revue fait le point de manière très synthétique sur les dernières recherches dans ce domaine. Sous l'impulsion des nouvelles technologies, de nouvelles disciplines et découvertes ont pu voir le jour. Les auteurs relèvent dans leur introduction : "l'imagerie cérébrale, le traitement informatique de corpus de données, l'étude des troubles et des dysfonctionnements, l'étude de la communication précoce chez les nourrissons, la néologie (étude des mots nouveaux), l'étude des langues rares et en voie de disparition, ou encore l'essor des études sur les origines du langage".  Leur approche se décline en 12 questions : "la pensée est-elle contenue dans le langage ? Comment le langage est-il apparu ? Existe-t-il des universaux du langage ? Pourquoi les langues évoluent-elles ? Que nous apprennent les troubles du langage ? Comment l'enfant acquiert-il le langage ? Le bilinguisme est-il un atout ? D'où vient le sens des mots ? A quoi servent les métaphores ? Quels mots pour convaincre ? Comment naissent les mots nouveaux ? Y a-t-il un centre du langage ? ". Pour vous en donner un petit aperçu nous traiterons dans un premier temps des deux premières questionsblog4

 

La pensée est-elle contenue dans le langage ? (article rédigé dans la revue par Jean-François Dortier)

Comme souvent, la réponse n'est pas simple et nous rappelle la réponse de l'origine de l'oeuf et de la poule. Pendant longtemps, les linguistes, psychologues et philosophes étaient d'accord pour affirmer que le langage produisait la pensée. Le langage est le propre de l'homme et donne accès à la pensée. C'est l'âge d'or de la linguistique. La revue cite un extrait du Cours de linguistique générale (1916) de Ferdinand de Saussure, père de la linguistique contemporaine : "Il n'y a pas d'idées préétablies et rien n'est distinct avant l'apparition du langage". Le philosophe Ludwig Wittgenstein  ajoute dans Tractacus (1921) : "les limites de mon langage signifient les limites de mon monde". Pour le psychologue Lev Vitgotski : "la pensée n'est pas seulement exprimée par les mots, elle vient à l'existence à travers les mots". En conséquence, étudier les lois du langage revient à étudier les lois de la pensée. Le concept de chat nous donne une image générique  de ce qu'est un chat sans avoir besoin d'avoir un chat en face des yeux.

Au contraire, d'autres chercheurs pensent que sans le mot chat, nous en aurions tout de même une idée. La psychologie cognitive détrône la linguistique. Dans les années 1970, des recherches ont montré que le nourrisson dispose d'une vision du monde bien plus organisée que ce qu'on pouvait penser, malgré l'absence de la parole. Les aphasiques distinguent un chat d'un chien malgré la perte du langage. Pour ces chercheurs, la pensée précède le langage. L'idée de chat existe avant l'apparition du mot. L'idée du chat préexiste sous forme d'image meblog6ntale appelée "prototype". Ces prototypes expliquent, selon Georges Lakoff, tenant de la sémantique cognitive, l'existence des métaphores. Quand on dit d'un homme qu'il est un ours, on ne voit pas le physique de l'animal mais ses qualités supposées.

La pragmatique développe une troisième approche. Le langage ne crée pas la pensée. Il ne reflète pas la pensée. Mais, il déclenche des représentations. Métaphoriquement, on pourrait comparer le langage à une "étiquette sur une porte qui indique ce qui se trouve à l'intérieur ( chambre 23, WC...), mais ne dit rien sur la couleur des murs, la forme des lits ou la position des toilettes". Le mot induit l'idée. Le procédé est économique. Les mots contiennent de l'implicite que chacun décode selon ses représentations. Les mots sont réducteurs par rapport à la pensée, mais peuvent déclencher une infinité de représentations.

Comment le langage est-il apparu ?

Avant d'aborder, les différentes hypothèses mises en avant, Jacques François, professeur émérite de linguistique à l'université de Caen, définit le cadre de la question. De quel langage parle-t-on ? : apparition de la parole ou le maniement de signes au sens large (langageblog5 des signes) ou toute expression symbolique (les mains sur les parois des grottes). Deuxième recadrage, le langage humain est-il apparu dans un seul lieu à une époque bien définie (thèse de la "Monogénèse") ou dans différents lieux à différentes époques? Une fois le cadre défini, l'auteur expose les deux principales thèses en présence.

la première défendue par le paléoanthropologue Richard Klein dit que le langage serait apparu à la suite de la mutation d'un gène, bien déterminé le PoxP2.

De nombreux chercheurs émettent plutôt l'hypothèse de la coévolution entre le cerveau et le langage. Les transformations physiques de l'homme, la station debout, le déplacement du larynx et surtout l'accroissement du volume crânien et donc du cerveau vont créer les conditions favorables à l'émergence du langage. L'anthropologue Terrence Deacon émet l'hypothèse d'une coévolution cerveau langage selon un processus d'enrichissement mutuel

Pascal Broutin

 

20 février 2013

Une histoire de la conversation 1

Je voudrais vous proposer une HISTOIRE DE LA CONVERSATION

Il s’agira essentiellement d’un compte-rendu du livre d’Emmanuel GODO (citations en italique) que je voudrais mener au moins jusqu’au XVIIème siècle. Cet ouvrage est proposé dans la bibliographie du BO. Pour chaque partie, je suggèrerai une lecture. Pour la première partie, j’ai indiqué entre crochets, sans avoir voulu être exhaustive, quelques grandes oppositions que le programme présente.

Première partie : la conversation dans l’Antiquité

La notion même de conversation est assez étrangère à l’Antiquité qui retient celle, plus floue, de dialogue ; ce n’est qu’à la Renaissance que le mot et le concept de conversation font leur apparition dans l’Europe moderne, avec la redécouverte, dans les cercles humanistes de Florence et de Venise, des dialogues de Platon et de Cicéron.

  1. Invitation à la lecture : Le Banquet de PLATON (écrit vers 384 avant JC, œuvre en grec)

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Scène de Banquet. Coupe attique, v. 480 av. J.-C. (musée du Louvre).

On emploie dans l’Antiquité le terme de « dialogue » et c’est dans le dialogue, dans l’oralité, que la pensée philosophique s’élabore. La conversation permet d’avancer dans la recherche du vrai et sert de modèle à l’écrit. L’exemple par excellence est celui du banquet platonicien mettant en scène Socrate. Platon justement a écrit un banquet (« symposion ») :

    • situation d’énonciation : Agathon vient de remporter le premier prix au concours de tragédie, une réception chez lui réunit des convives de qualité ; la proposition est faite de s’exprimer chacun à son tour sur un sujet, celui d’Eros (Amour), pour le définir. On voit que la conversation s’entend ici comme une succession de discours qui laisse chacun développer son propos sans être interrompu, et non un échange à bâtons rompus où se confrontent de façon polémique des opinions la parole est libre mais le cadre est déterminé ;

  • le but est philosophique, chacun participe à l’élaboration d’une vérité : on n’est pas dans la rhétorique (art de convaincre), même si la forme du propos a son importance et participe par le plaisir procuré au bien-être de l’assemblée ;

  • le dernier à parler est Socrate : la succession des interventions a permis de passer des demi-vérités métaphoriques et des approximations poétiques à la vérité philosophique ; la parole de vérité de Socrate procure la joie, l’ensemble de la conversation a permis de la faire désirer et d’en jouir ;

  • l’emboîtement des discours du Banquet montre que la pensée socratique est un immense bouche-à-oreille et met en lumière le statut primordial de l’oral dans la philosophie grecque.

http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/cousin/banquet.htm

  1. Les principes du dialogue platonicien

    • le moteur : une communauté de désirs, le goût de l’échange, quel que soit le degré de qualification des devisants [professionnel amateur] ;

    • le lieu : non pas l’agora (lieu du politique et de l’art oratoire ou rhétorique) mais la maison de l’ami, les rues ou la campagne [privé public ; proximité distance] ;

    • le temps : temps du loisir, du plaisir, de la construction de soi, de la mise entre parenthèses du travail et du politique ;

    • le mouvement : du léger au grave ; la déambulation est alors la métaphore du chemin de la pensée ;

    • la présence d’un meneur de jeu ; Socrate, le sage, assure le passage du ludique au sérieux ; il ne se présente pas en spécialiste du discours (sophiste) mais en maïeuticien : La maïeutique n’est pas la rhétorique, c’est l’antidote qui fait apparaître toutes les insuffisances de la rhétorique instituée. on trouve là, dès l’origine, l’une des composantes de la réflexion sur la conversation : les principes qui la régissent ne sont pas ceux du discours politique, judiciaire ou savant.

le passage au livre : il doit, dans l’écrit même, avoir les qualités de l’oral et faire participer le lecteur à la conversation philosophique [oral écrit]

  1. Le genre du banquet, véritable repas de paroles

  • Il obéit aux principes généraux de la conversation, tels que les définit Aristote au livre IV de L’Ethique à Nicomaque : l’amabilité, la vérité, l’urbanité, triade dont héritera la sociabilité classique ;

  • le genre du banquet joue sur le plaisir avant tout, plaisir d’une ivresse maîtrisée et d’un échange substanciel ; les devisants sont des convives ; la conversation, où l’on prend la parole et écoute tour à tour, sans chercher le dernier mot, est un élément de tout un art de vivre ;

  • la variété est une composante du plaisir de la conversation comme du plaisir de manger ;

  • la conversation part volontiers de circonstances présentes mais se nourrit de références au passé et de lectures, elle se situe dans un espace intermédiaire entre savoir et divertissement, mêlant érudition et grâce.

Relèvent du genre du banquet le Banquet de Xénophon (entre 391 et 371 av. JC, en grec), les Propos de table de Plutarque (deuxième décennie du IIème siècle après JC, en grec), les Nuits attiques d’Aulu-Gelle (composées entre 146 et 158 ap. JC, en grec), les Saturnales de Macrobe (Vème siècle ap. JC, en latin) où l’on trouve une analogie entre savoir et digestion : Les aliments que nous consommons pèsent sur notre estomac tant qu’ils y surnagent, en conservant leur qualité et leur solidité ; mais en changeant de substance, ils se transforment en sang et alimentent nos forces. Qu’il en soit de même des aliments de notre esprit. Ne les laissons pas entiers et hétérogènes, mais digérons-les en une seule substance.

  1. L’urbanité des Romains

Il n’y a pas de théorie de la conversation dans l’Antiquité, seulement des principes généraux (ceux de Platon et d’Aristote) mais on trouve une théorie de l’art épistolaire sur laquelle on peut s’appuyer car la lettre est vraiment considérée à Rome comme une conversation in absentia. Il est à noter que conversatio en latin désigne la fréquentation, la relation amicale. Rome compte deux grands épistoliers : Cicéron et Sénèque. [continuité discontinuité]

 

  • Cicéron distingue deux genres de lettres, le genre familier et divertissant, et le genre sévère et grave, qui peuvent correspondre aux deux types de conversation ;

  • Il distingue par ailleurs deux usages de la parole : l’usage oratoire nommé « eloquentia » auquel s’appliquent les règles de la rhétorique et se déployant dans l’espace de la cité (tribunaux, assemblées…), et l’usage privé nommé « sermo » réservé à l’espace de l’amitié (rencontres, discussions dans des jardins ou bibliothèques, lors de repas…) ;

  • La conversation, même familière, est soumise à des contraintes morales : ne pas monopoliser la parole, choisir des sujets de qualité, proscrire la grossièreté, ne pas se laisser emporter par la passion…

  • L’éloquence apparaît comme un ensemble de règles codifiées alors que la conversation s’apparente à un art plus subtil.

  • Sénèque, dans ses Lettres à Lucilius, se place davantage sur le versant sérieux de la correspondance car la lettre lui sert à développer un enseignement philosophique auprès d’un disciple ;

  • on trouve chez Sénèque l’idée que l’échange de lettres est un « échange d’âmes » et que la correspondance, qui mime l’échange de vive voix et anticipe les réactions du destinataire, est plus efficace qu’un essai monologique.

Un défaut rédhibitoire explicité par Plutarque : le bavardage. Du trop parler, qui fait partie des Œuvres morales, sera traduit au XVIème siècle et participera à la réflexion de la Renaissance sur la conversation et son idéal de sociabilité. Car le bavard brise les liens  : …chacun s’enfuit grand’erre sitôt que l’on voit approcher quelqu’un de ces grands causeurs : vous diriez promptementque l’on a sonné la retraite, si vite chacun se retire (traduction Jacques Amyot, 1559).

 

http://books.google.fr/books?id=F92-3gkvt_AC&pg=PA54&lpg=PA54&dq=amyot+plutarque+"trop+parler

 

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Les chuchoteuses de Rose-Aimée Bélanger (rue Saint-Pierre, Montréal)

Nathalie Merlin

 

 

17 février 2013

Paroles, échanges, conversations et révolution numérique Interrogations sur un titre et premières réflexions

Nous commençons notre exploration du deuxième thème du BTS français sur la parole et la communication à l'heure d'Internet mais aussi avant, afin d'essayer de comprendre un peu comment nous en sommes arrivés à ce stade. Pour le premier article, nous avons le plaisir d'accueillir une contribution de Mme Nathalie Merlin, professeur de lettres

  1. Parole, échange, conversation

    1. Origine du langage : exprimer des besoins ou des affects ?

Paroles, échanges de paroles sont conversations : vieux comme le monde humain est l’échange langagier, de sa version la plus noble qu’est le dialogue philosophique tourné vers la recherche de la vérité à son avatar le plus trivial de la discussion de comptoir où s’affrontent les opinions. Par(o)ler, converser ? Est-ce besoin basé sur des réalités matérielles ? Ou besoin fondé sur l’affectivité, et donc déjà marque de désir ? Dans la fable des origines de Rousseau qu’est la description d’un état de nature, l’individu parlerait au départ pour dire des sentiments, combler son besoin d’autre, et non pour acquérir des ressources.

 Chapitre II : Que la première invention de la parole ne vient pas des besoins mais des passions

[…] On ne commença pas par raisonner mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me paraît insoutenable. L’effet naturel des premiers besoins fut d’écarter les hommes et non de les rapprocher. Il le fallait ainsi pour que l’espèce vînt à s’étendre et que la terre se peuplât promptement, sans quoi le genre humain se fût entassé dans un coin du monde, et tout le reste fût demeuré désert.

De cela seul il suit avec évidence que l’origine des langues n’est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vînt le moyen qui les unit. D’où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n’est ni la faim ni la soif mais l’amour, la haine, la pitié, la colère qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s’en nourrir sans parler, on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître ; mais pour émouvoir un jeune coeur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes : voilà les anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques. Tout ceci n’est pas vrai sans distinction, mais j’y reviendrai ci-après.

Essai sur l’origine des langues, 1781 (posthume)

Chant plein d’émotion tourné vers autrui et qui appelerait en réponse un autre chant, ce duo formerait « conversation » pour Rousseau, qui s’oppose aux philosophes matérialistes de son temps. La question de l’origine du langage, qui ne peut reposer que sur des spéculations, a fini par être abandonnée par les philosophes. Par contre, langage et pensée ont été intimement liés : C’est dans les mots que nous pensons, dit Hegel.

    1. Au-delà de la sphère privée : parole et société

Echanger la parole est aussi nécessaire pour s’organiser en société, édicter la loi, et du coup mettre les « passions » individuelles de côté. Construire le « vivre ensemble », haut lieu de tensions, nécessite un échange patient fait d’écoute et de compromis. Avec Freud, on ne parle plus de « passions » mais de « pulsions ». La vie communautaire nécessite de s’opposer à leur puissance destructrice et donc de prendre conscience des conflits intérieurs qu’elles engendrent. C’est par le travail de la parole adressée au psychanalyste que l’inconscient recule et, du même coup, la civilisation avance.

  1. Paroles, échanges, conversations…

La problématique de la révolution numérique a-t-elle quelque chose à voir avec le pluriel que le titre de notre programme attribue aux « paroles », « échanges » et « conversations » ? Assurément le numérique est un facilitateur de paroles, un multiplicateur d’échanges, et il a modifié les règles d’une conversation érigée en art au XVIIème siècle.

Le mot « conversation », en latin,signifie « fréquentation, commerce, intimité », il est construit sur cum (avec) et versari (se tourner vers). Il a, dans l’histoire, oscillé entre le familier et le noble : on est passé du sens d’ « échange de propos familiers » à celui d’ « entretien savant » au XVIIème siècle. Ce dernier sens a même abouti, dans la langue spécialisée de la diplomatie, à la définition d’entretien à huit clos entre personnes responsables.

On a presque envie de penser que « la conversation » est sérieuselà où « les conversations » seraient plus futiles, qu’un rapport de cause à effet existerait entre la multiplication des échanges que permet le numérique et leur affreuse banalité d’où tout art voire toute morale seraient exclus. Les commentaires des lecteurs aux articles des journaux en ligne, qui sont pourtant soumis à modération, sont souvent très proches de l’invective quand les opinions ne peuvent s’accorder. Elles dessinent le triste tableau d’un espace où l’on s’affronte, sans respect mutuel et pour avoir le dernier mot, dans une discussion par laquelle la vérité n’a rien à gagner. Ce qui fait que si peu de personnes sont agréables dans la conversation, disait déjà La Rochefoucauld au XVIIème siècle, c’est que chacun songe plus à ce qu’il veut dire qu’à ce que les autres disent. Il faut écouter ceux qui parlent, si on en veut être écouté ; il faut leur laisser la liberté de se faire entendre, et même de dire des choses inutiles.

  1. … et révolution numérique ?

Ici aussi, une notion est à interroger, celle de révolution. La possibilité d’échanger in absentia a été initiée par la lettre, seul moyen pendant longtemps du maintien du lien à distance. Le téléphone, inventé fin XIXème, a permis d’entendre la voix et de communiquer en temps réel. Avec le numérique, d’autres limites cèdent : la communication devient possible presque en tout lieu du monde dit civilisé, et à toute heure ; elle peut se faire à l’intérieur d’un groupe dont les membres ne se connaissent même pas mais qu’un intérêt a priori commun a fait se rencontrer sur la Toile. La métaphore de la toile, enchevêtrement ordonné de fils, est celle du texte, des mots tissés. Mais comment ne pas penser à la connotation négative du mot « toile », quand c’est l’araignée qui la tisse et qu’elle nous aliène en ses rêts ? Comment ne pas penser à la connotation négative du mot « révolution », quand les instigateurs sont dépassés ou évincés, les idéaux oubliés, et les libertés finalement bafouées ? Il y a, bien sûr, à aller au-delà du débat d’opinions, et à peser l’impact de ces nouvelles formes de communication hybrides, mélangeant l’oral et l’écrit, le privé et le public, la distance et la proximité, et dessinant une nouvelle sociabilité, qu’on peut qualifier de désincarnée mais qu’il reste à évaluer.

Nathalie Merlin

  • Pour l’étymologie et l’évolution sémantique des termes :

Alain REY, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert

  • Ouvrages cités ou utilisés :

    • LA ROCHEFOUCAULD, Maximes et réflexions diverses, « De la conversation » (1769)

    • Jean-Jacques ROUSSEAU, Essai sur l’origine des langues (1781)

    • Sigmund FREUD, L’Avenir d’une illusion (1927)

Malaise dans la culture (1929)

14 février 2013

Chine une architecture de la photocopieuse

a1Les chinois ne finiront jamais de nous surprendre à cause de leur démesure. Brice Pedroletti nous propose dans le Monde du 14 février tout un dossier sur l’urbanisation en Chine. Le premier article porte le titre évocateur : « quand la Chine déplace les montagnes pour ses villes » et comme sous-titre : «  tous les six mois, il se construit dans le pays l’équivalent de la région Île-de-France. Dans le grand Ouest, 700 sommets vont être rasés pour bâtir des métropoles ». Ils n’hésitent pas à araser des sommets à coups de pelleteuses pour construire des villes qui s’étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres carré, dans des régions à faible densité. Car, les grandes métropoles orientales ne peuvent plus absorber l’afflux des ruraux : les coûts des loyers y sont trop élevés de même que le coût d’implantation des zones d'activités. Les entreprises ne lésinent pas sur les moyens. La Pacific Construction Group met en avant ses délais : « notra2e point fort, c’est de construire très vite. On finit en général un tiers de temps plus tôt que la date fixée pour l’achèvement des travaux ». Les ombres au tableau sont nombreuses : la nature du montage financier, les risques environnementaux à courts, moyens et longs termes, les problèmes d’alimentation en eau de certaines régions, de la qualité des terres arables, la faible qualité environnementale des logements. Mais, cette politique est le moteur principal de la croissance chinoise. Elle résulte de deux volontés : tout d’abord, celle de l’urbanisation à marche forcée de la Chine, qui connaissait un certain retard à cause de la révolution culturelle et du retour dans les campagnes. La Chine a pulvérisé. ce retard avec 690 millions de chinois vivant dans les villes contre 200 millions en 1980. Cette urbanisation va permettre la création d’un marché intérieur important, soutenu par une classe moyenne citadine. Le deuxième ressort est la volonté de développer les régions de l’Ouest de la Chine, beaucoup moins développées que la partie orientale.

Jean-François Doulet, géographe, directeur adjoint du Centre franco-chinois dénonce dans un article intitulé « une architecture de la photocopieuse », les incohérences de l’urbanisation. Les modèles sont génériques et multipliés à l’infini. On retrouve toujours une zone d’activités pour attirer les investisseurs étrangers, des quartiers résidentiels massifs, éloignés du centre, un système de transport imposant : autoroutes, Trains. Tout se superpose sans vraiment de cohérence. Les villes dortoirs apparaissent comme des villes fantômes.

Le dossier peut être lu dans le classeur du CDI consacré à la ville

Pascal Broutin

14 février 2013

Londres prend de la hauteur Ou oser l’originalité

a1Les élèves de terminales n’ont pas pu se rendre dans la plus haute tour d’Europe, le Shard, conçue par Renzo Piano qui n’a ouvert ses portes aux visiteurs qu’au 1erfévrier. Cette tour fait partie d’une dizaine d’autres, construites dans le cœur traditionnel de Londres. Vous pouvez lire un dossier concernant ce sujet, écrit par Eric Albert, correspondant à Londres du ja2ournal Le Monde, dans son supplément du samedi 26 janvier 2013. Ces articles peuvent être lus dans un classeur, disponible au CDI  Le Shard culmine à 310m. La vue du sommet nous permet de constater que Londres est une ville plutôt horizontale, faite de maisons et d’immeubles ne dépassant guère 3 ou 4 étages. Seul, le nouveau quartier de la City et l’ancien quartier Canary Wharf, rejeté à l’extérieur de la ville, contredisent ce constat. Dans la City, quartier des affaires, une petite dizaine de tours dépassant les 100m s’y côtoient sur à peine un kilomètre carré. La population londonienne les a affublées de drôles de noms comme « Gherkin » (le cornichon), première grande tour de ce quartier, de forme ovoïde, réalisée par Norman Foster en 2004, « la râpe à fromage » de Richard Rogers… D’autres artistes ont proposé des bâtiments, pas forcément hauts, mais à la forme osée comme Jean Nouvel et son « One New Change », complexe de magasins et de bureaux, situé juste derrière la cathédrale Saint Paul. Le fleuron de cet ensemble demeure tout de même « le Shard » de Renzo Piano, à cause de sa hauteur. Contrairement à Paris, considérée par certains comme une ville musée,  Londres a osé, dans son centre historique, à partir de 2004, le pari de l’architecture contemporaine et nous lance en quelque sorte le débat entre ville figée et ville mouvante, ville classique et ville moderne. L’article nous montre qu’historiquement, il s’agit d’une question de gouvernance de la volonté de quelques pera4sonnes.

Paradoxalement, pour Eric Albert, cette originalité ne transparaît pas dans les autres villes britanniques, et en particulier les villes secondaires qui semblent sortir du même moule : les centres villes sont clonés avec les mêmes magasins, les mêmes grandes chaînes. La rue centrale est piétonnière et propose les mêmes boutiques, les mêmes banques. Un rapport intitulé « ville clone » a été publié en 2005. 41% des villes sont classés comme « clonées » et 23% sont à la limite.. Ce manque de diversité peut être rassurant. En effet, on retrouve facilement ses repères. Mais, comme pour la biodiversité, la diversité des villes semble nécessaire.. Comme partout en Europe, les grandes enseignes ont étouffé les petits magasins indépendants. Ces grandes entreprises recherchent uniquement le profit et non le maillage social et la responsabilité publique. Les résidents se sentent aussi moins impliqués dans une ville clonée, une ville sans âme. Eric Albert cite le rapport de la New Economics Foundation (groupe de Think Tank, plutôt placé à gauche) : « Sans la preuve visible que nous pouvons influencer ce qui nous entoure, nous devenons des étrangers là où nous devrions nous sentir chez nous ». De plus, lorsque la crise se fait sentir, les grands groupes n’hésitent pas à fermer les boutiques qui ne sont plus rentables et les villes clonées deviennent alors des villes fantômes.

Pascal Broutin

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