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L'ancien blog du CDI de l'ESAAT
17 mai 2010

rire et théâtre

vianLe nouveau sujet du BTS va nous amener à revisiter un certain nombre de pièces de théâtre. En effet, la comédie tient dans ce domaine une place importante avec de nombreuses variantes comme la farce, la commedia dell'arte, la comédie de boulevard, le vaudeville, le théâtre de l'absurde... Sans oublier que la comédie n'a pas pour unique but le divertissement mais propose aussi de réfléchir sur notre société et de la critiquer. Tout comme la tragédie qui vise aussi de son côté à divertir. Aujourd'hui, nous voudrions porter notre projecteur sur 2 pièces issues du théâtre de l'absurde : "l'équarrissage pour tous" de Boris Vian et la fameuse "cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco. Boris Vian publie "l'équarrissage pour tous" en 1947, 2 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Il écrit, selon ses termes, "un vaudeville paramilitaire en un acte". A travers vian1ce vaudeville anarchiste, il nous propose une bouffonnerie antimilitariste, un brulot contre la guerre. Le sujet est simple : Arromanches, 6 juin 1944, en plein débarquement, sous le chaos incessant de la mitraille, un père, équarrisseur de profession, cherche à marier sa fille à un allemand avec qui elle fricote depuis 4ans. Il a peur pour sa réputation. Dans la salle qui lui sert de pièce commune et de lieu de traitement des charognes, nous assistons à un ballet incessant de soldats allemands et américains, de résistants FFI qui jouent leurs uniformes au poker et repartent avec les couleurs et les chants adverses Les bruits de la guerre sont là, tout le village est détruit sauf la maison de l'équarrisseur, mais, dans ce monde miraculeusement épargné, tout se déroule comme si de rien n'était. Certes, de nombreux soldats tombent dans le trou de l'équarrisseur se mélangeant ainsi à la charogne. Tout est absurde, les américains veulent visiter la ferme normande comme des simples touristes, le père veut passer une petite annonce à Radio Londres pour que son fils, soldat américain et à sa fille, parachutiste dans l'armée rouge, assistent au mariage de leur sœur, un parachutiste japonais se fait hara-kiri..Le seul but de Boris Vian est de "faire rire les gens avec quelque chose de pas drôle, la guerre". L'auteur utilise une langue qui fleure bon l'humour. Extrait pour vous en rendre compte
:- le père s'adressant à un soldat américain : "ils vous donnent du mal, hein ?"
- L'américain : C'est pas tellement ça. Mais ces cochons là, ils tirent avec de vraies balles
- Le père : Mince... Ça alors... Ils sont culottés tout de même.
- L'américain : Allez, on va y retourner. Ils viennent de siffler la mi-temps"
La guerre s'apparente à un jeu absurde. La pièce va provoquer, à sa sortie en 1950 un véritable scandale en particulier dans les milieux de la résistance. A lire absolument.
vian2La même année, Eugène Ionesco écrit "la cantatrice chauve". Pièce absurde dont l'intrigue est impossible à décrire. Ionesco, comme chez Keaton et Chaplin, nous parle des problèmes d'adaptation de ses personnages avec le monde. Le comique résulte du malaise issu du désaccord entre les personnages et le monde. Les personnages parlent sérieusement, mais, en fait, ne disent que des bêtises. Ils tiennent des propos tellement décousus qu'ils sont dépourvus de toute signification. Nous touchons au sublime Non Sens. L'insignifiance de leurs propos dépasse la banalité des pièces de boulevard. Ionesco se moque parodie le théâtre traditionnel classique. Les personnages sont baroques dans leur excès au niveau du langage lorsque, par exemple, Mme Smith, dans la première scène, décrit par le menu détail le repas. Le comique réside aussi dans l'opposition entre le texte et la manière de le dire : par exemple la manière emphatique dont les Martin se reconnaissent dans la scène 4. Scène o combien curieuse dans laquelle un couple qui vit depuis de longues dates ensemble, semble se rencontrer pour la première fois, avec ce leitmotiv "comme c'est curieux ! comme c'est bizarre!" A la fin de la scène, ils tombent dans les bras l'un de l'autre, parodiant ainsi le théâtre romantique. A d'autres moments, les personnages se contredisent entre le dire et le faire.. Par exemple, scène 8, le pompier dit : "je veux bien enlever mon casque, mais je n'ai pas le temps de m'asseoir". En réalité, il va s'asseoir et garder son casque. Ionesco s'amuse aussi avec les mots de la langue : les fautes d'orthographe pain et pin, les associations d'idées pin et chêne (scène 11), les sonorités :
-Mme Martin : touche pas à ma babouchevian3
-M Martin : Bouge pas la babouche !
-M; Smith : Touche la mouche, mouche pas la touche
-Mme Martin : La mouche bouge
-Mme Smith : mouche ta bouche

A lire absolument. Je vous conseille de voir la mise en scène qu'a proposée Jean-Luc lagarce en 2007 au théâtre de l'Athénée
Pascal Broutin

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