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L'ancien blog du CDI de l'ESAAT
11 janvier 2010

Béatrice Alemagna

AlemagnaLe CDI a pris un grand plaisir à s'associer à la journée italienne, organisée par Mme Quétu, dans le cadre de la préparation de son voyage à Florence, avec les premières de l'Esaat. Nous avons décoré le CDI aux couleurs de l'Italie en exposant quelques ouvrages de peintres, d'écrivains et Alemagna2_d'illustrateurs de ce pays. Parmi les illustrateurs, nous avons retenu 2 grands noms Bruno Munari et Béatrice Alemagna. La médiathèque de Roubaix nous avait prêté un certain nombre d'ouvrages de ces 2 auteurs.
J'aimerais, dans ce petit billet, vous faire partager mon intérêt pour l'œuvre de Béatrice Alemagna. Les hasards font souvent bien les choses. Béatrice Alemagna est née à Bologne. Elle se rendait, toute petite à la "Fiera del Libro per ragazzi" de Bologne, la foire la plus prestigieuse du livre jeunesse en Europe. Elle suit des études à l'école d'art d'Urbino, mais n'y pratique que trop peu le dessin à son gout. Finalement, elle apprend Allemagna1l'illustration au cours de 2 stages : l'un avec Stepan Zavrel, l'autre avec Kveta Pakovska. Elle publie son premier album au seuil en 1998.
Ses albums nous surprennent tout d'abord par leur format plutôt, grand voire très grand. "Un lion à Paris", Alemagna3publié aux éditions Autrement s'ouvre même verticalement.
Nous sommes ensuite frappés par la qualité et la particularité des illustrations. Béatrice Alemagna utilise beaucoup de techniques différentes. On a l'impression qu'elle recherche continuellement à renouveler son art d'illustratrice. Certes, elle utilise régulièrement la technique du collage, mais l'associe à d'autres techniques. Dans son dernier album "au pays des petits poux", elle mélange laine et tissus. Pour "Oméga et l'ourse", publié aux éditions Panama elle peint avec de l'acrylique. Craies grasses et gravure à l'eau forte pour "la promenade d'un distrait" publié au Seuil...
J'aime aussi dans ses illustrations l'impression d'imperfection, de déformation, de déséquilibre qui s'en dégage. Comme elle l'indique dans un entretien qu'elle accordait à la revue Citrouille en 2007 et que vous pourrez lire en cliquant sur ce lien,(interviewalemagna) ces imperfections donnent de la vie à ses dessins. La perfection, au contraire, fige le dessin.
Reconnue pour ses illustrations, Béatrice Alemagna l'est moins pour ses textes. J'aimerais réparer une certaine injustice. Tout d'abord, le texte a une grande importance dans son travail car elle commence par écrire le texte qu'elle illustre après. Pour Citrouille, elle disait que "ce sont les mots qui communiquent des images, moi, je ne peux pas dessiner si les mots n'évoquent rien pour moi, parce qu'en fait, j'illustre des émotions". Elle écrit en français qui n'est pas sa langue natale. Elle écrit, donc, parfois de manière un peu naïve, de manière simple mais ô combien poétique.
Ses albums contiennent non seulement des histoires, des parcours, des cheminements mais surtout des idées; La plupart des albums se terminent par une phrase profonde. Dans "histoire courte d'une goutte", publiée aux éditions Autrement, elle écrit en conclusion : "combien sont-elles toutes ces choses qui disparaissent sans qu'on ait eu le temps de les voir". Dans "Gisèle de verre", publié au Seuil, elle raconte l'histoire d'une petite fille si transparente que chacun peut lire ses pensées. Elle conclut en disant : "la vérité fait peur et les gens préfèrent ne pas la voir". On sent qu'elle a toujours envie de faire passer un questionnement. Elle s'interroge régulièrement sur la notion d'identité : qui suis-je ? Comment trouver sa place dans le monde ? Dans "mon amour", publié chez Autrement le héros n'est autre qu'un mouton que les autres prennent successivement pour un singe, un cochon, un lion, un chien...A la fin, désespéré, il rencontre une sorte de lapin à qui il pose la question qui le tenaille : "tu ne veux pas savoir qui je suis?". Le lapin lui répond en se frottant "tu es mon amour". Cette interrogation sur l'étranger nous la retrouvons dans le somptueux album "un lion à Paris", dans lequel, elle nous raconte à la manière de Babar, Alemagna5sa propre arrivée à Paris et son désarroi d'être ainsi plongé dans une grande ville. D'autres thèmes émaillent son œuvre : la disparition dans "après Noël" ou "histoire d'une goutte d'eau", le cheminement dans "Gisèle de verre", "histoire courte d'une goutte d'eau".
Enfin, j'aimerais terminer ce petit parcours en évoquant le travail qu'elle a accompli en illustrant les albums de Gianni Rodari, grand auteur de littérature pour la jeunesse en particulier le très beau Alemagna6texte "un et sept", publié au Seuil. L'album commence avec cette phrase un peu intrigante "j'ai connu un enfant qui était sept enfants". Après les avoir décrits et montré qu'ils étaient tous différents, il conclue en disant qu'en réalité "ils étaient les mêmes enfants et ils riaient dans la même langue". Au final, "ils ont grandi tous les sept et ils ne pourront plus se faire la guerre, parce que tous les sept sont un seul homme..
Pour plus d'informations, je vous renvoie à son site personnel en anglais et en particulier à la rubrique "posters and covers", dans laquelle vous découvrirez son travail de graphiste pour adulte : couverture de livre, affiche. Vous y retrouverez son style. pour elle, il n'existe pas de frontière au niveau de l'âge. Elle écrit des albums illustrés qui grandissent avec leurs lecteurs
http://www.beatricealemagna.com
Pascal Broutin


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